[Candidature] Harlden Martemont

Aux dirigeants de la Ligue Lordain, bonjour !

Je vous écris cette lettre car mon souhait le plus cher aujourd’hui est de vous rejoindre. Et je ne sais pas comment vous convaincre de m’accepter parmi les vôtres, autrement qu’en vous racontant mon histoire, en vous expliquant ce qui m’a amené à formuler ce souhait aujourd’hui. Alors je me présente : Harlden Martemont.

Je suis un Nain fier et vigoureux, du clan Barbe-de-Bronze, né il y a 121 ans de cela maintenant, non loin de Kharanos. Mon père possédait un petit élevage de béliers, et presque toute la famille était employée chez nous. Frères, sœurs, cousins, cousines. Nous étions un vrai village à nous seuls. La plupart se complaisaient au milieu des leurs, mais j’ai vite trouvé cette omniprésence de ma famille étouffante. Après trente longues années passées avec les miens, j’ai finalement obtenu de mon père qu’il m’envoie en apprentissage auprès d’un maître forgeron, à Forgefer. Lui ne voyait cela que comme un investissement : j’avais donné ma parole qu’une fois mon apprentissage achevé, je reviendrais mettre mon savoir-faire au profit de notre petite entreprise. Après huit années dans les forges pleines de vie de Forgefer, je quittai la ville pour retrouver le foyer familial. Je ne travaillais plus les métaux pour en faire des haches ou des épées, mais confectionnais toutes sortes de choses utiles à la ferme. Ma déception était totale. Durant mes années d’apprentissage j’avais touché du doigt une vie dont j’avais toujours rêvé.

Malheureusement, c’est l’un des plus grands drames que j’ai connu qui me permit de finalement vivre cette vie. Quelques années après mon retour, mon père et plusieurs de mes frères et cousins furent emportés par une violente fièvre. Le reste de la famille se mit d’accord pour vendre nos biens, sans que j’eusse la force de prendre part aux discussions. Je retrouvai donc Forgefer, et la chaleur de ses forges. Mais le souvenir de mon père me hantait, chaque coup de marteau meurtrissait un peu plus mon cœur. J’insistai cependant durant de longues années, des décennies, sans parvenir à m’épanouir dans le métier que j’avais toujours voulu faire, et finis par changer de voie.
Je travaillai un temps dans une taverne, comme cuisinier, puis décidai de quitter la ville. Je trouvais une petite troupe itinérante, qui parcourait les Royaumes de l’Est pour faire ses représentations en tout genre : cirque, théâtre, chant, danse. Je cuisinais, retapais les charrettes, m’occupais des bêtes… J’avais tant à faire et tant à voir en parcourant le monde, que j’en oubliais ce qui me tourmentait. Nos chemins finirent par se séparer lorsque les orcs mirent à feu et à sang tout le continent. Je surpassai alors mes craintes et pris part à l’effort de guerre en faisant ce que je savais faire : forger. Et les besoins des armées de l’Alliance nouvellement formée étaient tels que je n’eus aucun mal à me faire embaucher.

Après la guerre, et des années passées dans la chaleur étouffante des forges, l’envie de voyager me submergea de nouveau. Je ne m’en étais pas rendu compte alors, mais ces années de vagabondages avaient été les plus belles de ma vie. Je rejoignis à nouveau une petite troupe. Celle-ci vendait ses services ci et là. Des mercenaires en sommes. Mais pas de ceux qui pourraient vendre leurs âmes pour une bourse bien remplie ! Si durant les premiers mois j’étais peu ou prou l’homme à tout faire, je finis par prendre part aux expéditions de la bande. J’avais déjà mis quelques coups de gourdins dans la gueule d’un loup trop aventureux, ou flanqué une raclée à un malandrin cherchant à dérober un bouquetin, mais je n’avais jamais gagné ma vie comme ça. Je finis assez vite par me rendre indispensable à la troupe, sans être le meilleur combattant du groupe, je me débrouillais très bien un bouclier et une hache en mains. Sans compter que je continuais à préparer la potée, rafistoler les armures et entretenir les armes.

Finalement, pour quelques questions d’égo, notre groupe finit par se séparer il y quelques mois de cela. Depuis je gagne ma croute comme je peux, quelques jours dans une ferme, les suivant dans une cuisine, pour finir à la forge. Mais je veux reprendre la route, continuer à découvrir le monde et à me sentir utile ! Et à ce jour, je ne vois pas par quel moyen mieux assouvir ces besoins qu’en vous rejoignant.

J’espère du fond du cœur que cette lettre parviendra à vous convaincre, mesdames, messieurs, du bien fondé de mes motivations à vous rejoindre.

Avec tout le respect du monde,

La lettre est sobrement signée « Harlden Martemont ».

HRP: